13 Gouvernorats Tunisiens Menacés par la Pénurie d’Eau

La Tunisie est confrontée à une situation préoccupante en matière de gestion de l’eau, selon l’expert Houcine Rhili. Au 3 octobre 2024, le taux de remplissage des barrages du pays n’a atteint que 21,6 %, un chiffre alarmant attribué à plusieurs facteurs.

Changements dans les Zones de Précipitations

La modification des zones de précipitations est l’une des principales causes de cette crise. Actuellement, 80 % des pluies se concentrent dans les régions du centre, du Sahel, du Cap Bon et du sud-ouest, zones dépourvues de barrages adéquats. En revanche, le nord et le nord-ouest, habituellement mieux équipés en infrastructures de stockage d’eau, ont enregistré de faibles précipitations. Les récentes pluies, tombées entre la fin août et septembre, ont principalement alimenté les marais et la mer, surtout dans le Sahel. Bien que ces précipitations n’aient pas amélioré les réserves d’eau des barrages, elles ont contribué à l’alimentation des nappes phréatiques superficielles et semi-profondes, ce qui pourrait bénéficier à certaines cultures, notamment les oliveraies de Sfax, Sidi Bouzid, Gafsa et Kairouan.

Impact de l’Irrigation et de l’Eau Potable

La diminution des réserves dans les barrages est également exacerbée par l’utilisation intensive des ressources pour l’irrigation et l’approvisionnement en eau potable. Treize gouvernorats, incluant ceux du nord-ouest, le Grand Tunis, ainsi que Bizerte, le Cap Bon, Sousse, Monastir et Mahdia, dépendent de ces barrages pour leur approvisionnement en eau potable. L’irrigation, particulièrement pour les cultures de légumes et de fruits essentiels, consomme 80 % des ressources hydrauliques, tandis que seulement 12 % sont alloués à l’eau potable pour la population.

Solutions Proposées : Stratégie et Réaménagement des Infrastructures

Pour contrer cette pénurie, Houcine Rhili recommande l’élaboration d’une stratégie nationale sur 5 à 7 ans, nécessitant un investissement de 20 milliards de dinars. La priorité serait de réduire le gaspillage d’eau, notamment en raison des infrastructures obsolètes de la Sonede, qui entraînent des pertes moyennes de 25 % des eaux destinées à la consommation résidentielle. Dans certains gouvernorats tels que Gabès et Gafsa, ces pertes peuvent atteindre 50 %. Rhili propose également de réaménager les périmètres irrigués, où le gaspillage dépasse 30 % en raison de pratiques d’irrigation traditionnelles. La récupération de ces eaux pourrait couvrir les besoins résidentiels en eau pour 18 mois, avec un coût plus avantageux que le dessalement de l’eau de mer.

Mobilisation et Traitement des Eaux

Rhili suggère une révision des politiques de mobilisation des ressources en eau de surface, en redéfinissant la carte des barrages et en mettant en place des solutions pour recharger artificiellement les nappes phréatiques, notamment via des “barrages souterrains”. Enfin, il insiste sur la nécessité de renforcer les capacités de l’Office National de l’Assainissement (ONAS) et d’adopter des méthodes de traitement tertiaire des eaux usées, permettant de réutiliser chaque année plus de 200 millions de m³ d’eau traitée pour l’irrigation.

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