294 M m³ d’eaux usées en Tunisie : 127 stations d’épuration peuvent elles stopper la sécheresse ?

Le Forum scientifique et économique du 14e Salon méditerranéen de l'agriculture et des industries alimentaires, qui s'est tenu aujourd'hui jeudi lors de sa deuxième journée, a mis l'accent sur le thème de "la gouvernance et la bonne gestion des ressources en eau en Tunisie".

Mohamed Ali ben ahmed - journaliste

Le Forum scientifique et économique du 14e Salon méditerranéen de l’agriculture et des industries alimentaires, qui s’est tenu aujourd’hui jeudi lors de sa deuxième journée, a mis l’accent sur le thème de “la gouvernance et la bonne gestion des ressources en eau en Tunisie”.

Lors de ce forum, il a été souligné que l’option stratégique future réside dans le recours aux eaux non conventionnelles, notamment la désalinisation de l’eau de mer, et la valorisation des eaux usées traitées, compte tenu de la forte fragilité des ressources en eau traditionnelles en Tunisie.

Les experts participant au forum ont expliqué que les ressources en eau traditionnelles en Tunisie sont très faibles, ne dépassant pas 4,8 milliards de mètres cubes, dont 2,7 milliards de mètres cubes de ressources de surface et 2,1 milliards de mètres cubes de ressources souterraines. Ils ont souligné que l’individu tunisien vit aujourd’hui en dessous du seuil de pénurie et de pauvreté en eau, n’ayant accès qu’à 420 mètres cubes d’eau par an, alors que les normes mondiales fixent le seuil de pénurie d’eau à 500 mètres cubes par an par habitant.

Ils ont attribué la faiblesse des ressources en eau traditionnelles à l’augmentation des besoins en eau, à la croissance démographique et aux besoins du secteur agricole qui consomme 80 % des ressources en eau.

Le professeur universitaire, Hamadil Habib, a proposé de s’orienter vers les eaux non conventionnelles comme solution stratégique pour faire face à la crise de la pénurie d’eau. Il a appelé à tirer parti de l’expérience tunisienne dans le domaine de la désalinisation de l’eau de mer, comme c’est le cas dans les stations de désalinisation de l’île de Djerba, de Sfax et Zarat à Gabès. Il a également souligné la nécessité de valoriser les eaux usées traitées et de les utiliser dans divers domaines, notamment le secteur agricole, l’irrigation des terrains de sport, les zones vertes, l’alimentation des lacs et des marais.

De son côté, le directeur de la valorisation des eaux usées à l’Office national de l’assainissement, et docteur en biologie appliquée, Thameur Jaouadi, a déclaré que “dans le contexte des changements climatiques, de l’augmentation de la demande en ressources en eau traditionnelles et de l’évolution démographique très importante, l’orientation vers les eaux non conventionnelles est devenue une nécessité urgente”, selon lui.

Il a noté que la Tunisie compte environ 127 stations d’épuration produisant environ 294 millions de mètres cubes d’eaux usées traitées, ce qui équivaut à un grand réservoir, mais que la valorisation et la réutilisation des eaux usées traitées dans divers domaines comme l’agriculture, l’irrigation des terrains de sport, les zones vertes, l’alimentation des lacs et des marais ne dépassent pas 60 millions de mètres cubes par an, soit 20 % par an, ce qui est très insuffisant, selon lui.

Il a souligné que la valorisation et la réutilisation des eaux usées nécessitent la maintenance des canaux et leur réaménagement, la concentration accrue des bassins de collecte des eaux usées traitées, et la révision des spécifications tunisiennes m t 106 -03 concernant la valorisation du secteur agricole. En outre, dans le contexte de la grave pénurie d’eau traditionnelle et de l’orientation vers l’utilisation des eaux usées traitées, il est nécessaire d’utiliser les eaux usées traitées dans le secteur industriel, l’irrigation de cultures non autorisées par la loi, ainsi que la réhabilitation des anciennes stations d’épuration”.

Pour encourager les demandeurs d’eaux usées traitées et les valoriser, deux circulaires ont été publiées en 2023, la première interdisant catégoriquement l’irrigation avec de l’eau potable, et la seconde simplifiant les procédures de valorisation des eaux usées traitées. Malgré cela, il a été constaté un dépassement dans le nombre de demandes d’utilisation des eaux usées traitées dans le secteur agricole, vers d’autres secteurs industriels, touristiques et de services”.

De son côté, la chercheuse à l’Institut de l’Olivier, Amal Kaderi, a déclaré que “pour atteindre un équilibre entre la ressource en eau traditionnelle très limitée dans sa durabilité et les besoins importants, il faut contrôler la ressource en eau, en particulier dans le domaine agricole qui consomme 80 % des ressources en eau, par rapport à l’eau potable et à l’eau utilisée dans l’industrie, et travailler sur la comptabilité dans le secteur de l’eau, en réfléchissant à des cultures qui consomment moins d’eau, et à l’exportation de produits agricoles qui ne consomment pas beaucoup d’eau, afin d’éviter d’atteindre le seuil de pénurie et de pauvreté en eau”, selon elle.

L’organisation de ce forum scientifique et économique s’inscrit dans le cadre des activités du Salon méditerranéen de l’agriculture et des industries agroalimentaires, visant à consolider une pratique enracinée adoptée par l’Association du Salon international de Sfax en vue d’ouvrir davantage sur le volet cognitif.

Source : TAP

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