50 % du Secteur Informel : Le Commerce Électronique en Tunisie Gaspillé

Le commerce électronique en Tunisie est devenu un refuge pour de nombreux jeunes cherchant une source de revenu dans un contexte de chômage croissant et de détérioration du pouvoir d’achat. Ce type de commerce s’est transformé en un phénomène répandu, notamment avec l’augmentation du nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux en Tunisie.

Augmentation des Achats en Ligne

Le taux d’achat, de vente et de shopping en ligne a connu une hausse remarquable. De nombreuses pages sur Facebook, Instagram ou TikTok proposent divers produits à des prix souvent inférieurs à ceux des magasins physiques. Les formations en marketing digital et en entrepreneuriat utilisant les boutiques en ligne, qui permettent une propagation plus rapide et des gains à moindres coûts, sont également en plein essor.

Le Commerce Électronique, l’Avenir du Monde

Les chiffres publiés par des organisations internationales montrent que les revenus du commerce électronique ont dépassé des millions de dollars et représentent désormais le pilier de l’économie dans plusieurs pays.

La plateforme spécialisée en statistiques et analyses financières, Statista, a indiqué que la taille du commerce électronique via les appareils mobiles a dépassé 2,2 trillions de dollars durant le premier semestre de l’année 2023. Ces chiffres représentent 60% des ventes totales du commerce électronique mondial, avec des prévisions atteignant 3,4 trillions de dollars en 2027.

Cette augmentation massive de l’utilisation des téléphones portables pour les achats en ligne est attribuée à la facilité d’accès à Internet et à la disponibilité des applications de shopping mobile.

Soutien au Commerce Électronique en Tunisie

L’économiste Ridha Chkandali a déclaré à Tunibusiness que les banques devraient réduire les coûts pour intégrer le commerce électronique dans l’économie formelle. Il a souligné que l’intégration du commerce électronique aurait des répercussions positives sur l’économie nationale, renforçant la résilience des banques, fournissant la liquidité nécessaire et leur permettant de financer le secteur privé.

Mohamed Kassmi, un jeune tunisien formé en marketing et commerce et travaillant pour une plateforme de commerce électronique, a indiqué que les opportunités d’emploi dans ce domaine sont nombreuses avec l’augmentation des sites et des pages en ligne, mais seuls les plus forts survivent. Il a également souligné l’importance d’adopter des méthodes innovantes pour attirer les clients et de respecter la transparence dans les transactions pour gagner la confiance des consommateurs.

Commerce sur les Réseaux Sociaux

Beaucoup de jeunes se tournent vers des activités commerciales via des pages sur les réseaux sociaux, profitant des techniques disponibles sur ces plateformes. Sabrine Ben Ahmed, propriétaire d’une boutique en ligne spécialisée dans les produits cosmétiques, parfums et vêtements, a partagé son expérience avec Tunibusiness.

Elle a commencé son commerce en créant une page Facebook en 2018, réalisant des succès et des profits significatifs en peu de temps. Après un certain temps, elle a ouvert un magasin physique, qu’elle a dû fermer en moins d’un an en raison des coûts élevés de location et des taxes.

Elle a expliqué que les coûts de location dépassent 500 dinars dans les quartiers populaires, affectant ainsi les bénéfices. Elle a également mentionné les frais élevés de l’administration fiscale et les coûts d’aménagement et de publicité. Elle a conclu que la rentabilité de son magasin était presque inexistante comparée aux gains générés par sa page Facebook.

Projet de Loi pour Réguler le Commerce Électronique

La députée Olfa Marouani a proposé un projet de loi visant à réguler les activités de marketing et de promotion sur les sites web et les réseaux sociaux. Ce projet a été signé par 87 députés de différents groupes parlementaires et indépendants, et a été transmis par le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple à la commission de l’organisation de l’administration et du développement, de la numérisation, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption.

Cette initiative législative est composée de 6 chapitres et 49 articles, traitant de l’ensemble du processus commercial et de tous ses acteurs, du commerçant au client, en passant par les autorités de supervision, les magasins et les intermédiaires électroniques. Elle impose également des cahiers des charges et des identifiants fiscaux.

Selon le document d’exposé des motifs présenté par les députés, ce projet de loi devrait aider à éliminer le chaos des transactions commerciales sur les réseaux sociaux, qui représentent une menace directe pour l’économie organisée et causent de graves préjudices à de nombreuses entreprises formelles du secteur du commerce électronique, y compris les petites et moyennes entreprises, ainsi que les commerçants traditionnels.

D’après le texte du projet de loi, les commerçants sur les réseaux sociaux seront tenus de retirer des cahiers des charges auprès du ministère du Commerce pour exercer leur activité.

Ces cahiers des charges couvrent la plupart des activités commerciales électroniques, avec une exigence d’âge minimum de 18 ans pour exercer cette activité.

Le projet de loi prévoit également la protection des consommateurs en protégeant leurs données personnelles, et leur donne le droit de signaler les fraudes et les tromperies, ce qui pourrait entraîner le blocage définitif du site et des sanctions financières pouvant atteindre 5 000 dinars pour les contrevenants.

80 % des Transactions de Commerce Électronique en Espèces

Selon une étude du ministère du Commerce en 2021, 80% des transactions de commerce électronique sont effectuées en espèces à la livraison via les entreprises de transport de colis.

Les utilisateurs tunisiens des réseaux sociaux Facebook sont environ 7 millions, soit 54% de la population, selon les données du ministère des Technologies de la Communication. Les utilisateurs de Messenger sont 5,28 millions et ceux d’Instagram 2,9 millions.

Issam Essafi, vice-président de la Chambre nationale des entreprises de commerce électronique, a indiqué que plus de 50% des acteurs du secteur opèrent dans l’informel. Il a souligné l’importance d’intégrer ces commerçants dans le cadre formel.

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