Algérie, Maroc, Tunisie : Rivalité culturelle autour de l’art du zellige

Les pays d'Afrique du Nord s'affrontent aujourd'hui sur un nouveau terrain : celui du zellige, ce carreau de faïence coloré emblématique.

Les pays d’Afrique du Nord s’affrontent aujourd’hui sur un nouveau terrain : celui du zellige, ce carreau de faïence coloré emblématique.

L’Algérie a récemment déposé une demande auprès de l’Unesco pour inscrire le zellige comme patrimoine immatériel algérien, déclenchant une vague de réactions au Maroc et en Tunisie.

Ces deux nations revendiquent également une expertise unique dans cet art ancien, rendant la bataille pour la reconnaissance d’autant plus complexe.

Une Histoire Partagée

Le Zellige, dont les origines remontent à l’époque des Phéniciens, a traversé les siècles et les civilisations, influencé par les Andalous et les Turcs. “La Méditerranée est un creuset d’échanges très ancien,” explique un chercheur de l’Institut national du patrimoine tunisien (INP).

Les échanges culturels et commerciaux, attestés par des découvertes archéologiques comme l’obsidienne sicilienne trouvée en Afrique du Nord, témoignent de cette histoire commune.

Fiertés Nationales et Rivalités

L’initiative algérienne n’a pas échappé à ses voisins, soucieux de défendre leur patrimoine culturel. En 2012, le Maroc avait déjà inscrit le Zellige auprès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), compliquant les revendications algériennes.

La Tunisie, quant à elle, possède également une riche tradition de zellige, renforçant son droit de revendiquer cet art.

Entre Patrimoine et Politique

Les tensions politiques actuelles entre ces trois pays compliquent davantage la question. L’appropriation du patrimoine culturel devient une question d’honneur national, exacerbant les rivalités. “L’appropriation abusive a presque valeur d’annexion,” critique un artisan tunisien, rappelant que même des productions emblématiques comme la cage aux oiseaux de Sidi Bou Saïd ont été brevetées par d’autres nations.

Une Solution Collective ?

Pour éviter de telles confrontations, l’Unesco propose désormais des inscriptions collectives pour les patrimoines partagés.

Ce fut le cas pour le couscous, inscrit en 2020 par l’ensemble des pays du Maghreb.

La Tunisie a récemment suivi cette approche pour la Muqaddima d’Ibn Khaldoun, en associant l’Égypte, le Maroc, l’Espagne et la France à son inscription.

La bataille du Zellige illustre comment le patrimoine culturel peut devenir un enjeu de fierté nationale et de rivalité politique.

Toutefois, une approche collective pourrait permettre de célébrer ces héritages communs, tout en apaisant les tensions.

En fin de compte, le patrimoine culturel transcende les frontières et rappelle l’importance des échanges et de la coopération entre les nations.

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