Le tout récent “Budget du Citoyen 2024”, publié par le ministère des Finances, se présente comme une tentative de transparence financière envers les citoyens tunisiens. Toutefois, derrière les chiffres en milliards de dinars se cachent des détails intrigants, notamment une ambiguïté autour de l’unité utilisée, créant une incertitude quant à la véritable ampleur des montants évoqués.
Le document dévoile que les recettes fiscales pour 2024 sont estimées à une somme colossale de 44,05 milliards de dinars. Une ventilation détaillée révèle que 39,6% de ces revenus seront alloués à la masse salariale, totalisant 23,71 milliards de dinars. Les dépenses de gestion, quant à elles, atteindront 2,54 milliards de dinars, représentant 4,2% du budget de l’État.
Cependant, l’aspect social n’est pas en reste, avec un budget de 3,35 milliards de dinars dédié aux interventions sociales hors compensation, comprenant des aides aux familles nécessiteuses, des allocations aux municipalités, des prêts universitaires, des allocations mensuelles pour les enfants de moins de six ans, et des aides lors des fêtes religieuses.
La compensation, un point souvent controversé, se taille également une part importante du budget, atteignant 11,34 milliards de dinars (19% des dépenses et 6,5% du PIB). Les détails sont frappants : la compensation des carburants se chiffre à 7,09 milliards de dinars, avec une note précisant les implications financières de fluctuations dans le prix du baril et du glissement du dinar par rapport au dollar. La compensation des produits de base, dont les céréales, l’huile végétale, le lait, les pâtes alimentaires, le couscous, le sucre, ainsi que le papier pour les cahiers et livres scolaires, s’élève à 3,59 milliards de dinars.
Le document met également en lumière les dettes de l’État, révélant qu’une somme substantielle de 24,7 milliards de dinars sera allouée au paiement des dettes (17,86 milliards en principal et 6,84 milliards en intérêts). Sans compter les services de la dette, l’État tunisien doit mobiliser 59,8 milliards de dinars pour couvrir ses dépenses, laissant un déficit budgétaire de 10,64 milliards de dinars.
L’endettement public total, prévu à 139,9 milliards de dinars, dont 80,9 milliards de dinars d’endettement étranger, soulève des questions sur la soutenabilité à long terme. Les Tunisiens sont invités à examiner ces chiffres de près, car ils façonnent l’avenir économique du pays