Chute vertigineuse des géants libyens en Tunisie : le fil d’Ariane de la mauvaise gestion

Dans leur rapport annuel 2022 publié le 25 octobre 2023, la Cour des comptes libyenne (Libyan Audit Bureau) dénonce le manque de bonne gouvernance économique dans plusieurs firmes. Parmi celles-ci, LAFICO Tunisie et LAICO Tunisie, deux filiales d’importants groupes d’investissement libyens, sont mises en cause pour leurs défaillances et non-respect des règles de bonne gestion.

Existant en Tunisie depuis le 1er janvier 1989, LAFICO Tunisie subit des pertes financières récurrentes depuis 2013. Au 31 décembre 2020, ces pertes s’élevaient à 19,8 millions de dollars, avec des actifs diminués de 9,5% à 23,9 millions de dinars. Pour survivre, la société a été contrainte à recevoir une aide de 1,2 million de dollars de sa maison mère, LAFICO Tripoli, en 2020.

LAFICO Tunisie, possédant 11 filiales dont une basée à Chypre, est confrontée à un déficit global de 34,5 millions de dollars. Ses entreprises subissent aussi des pertes, certaines étant même obligées à être renflouées par LAFICO Tunisie pour assurer leurs frais journaliers. En parallèle, ces sociétés en déficit n’ont pas pu rembourser leurs dettes, forçant LAFICO Tunisie a injecter 3,5 millions de dollars supplémentaires.

Créée près de 20 ans après LAFICO Tunisie, LAICO Tunisie a été fondée avec un capital de 180 millions de dollars. Elle a des participations dans la Société du Tourisme et des Congrès (STC) et la Société d’Etudes et de Réalisations Touristiques (SERT). Cependant, tout comme pour LAFICO Tunisie, ses investissements sont en perte depuis quelques années.

Le rapport blâme également les managements successifs de SERT, pour avoir mal géré ses actifs, dont un hôtel 4 étoiles, et se concentrer seulement sur l’achat de biens immobiliers. La situation est similaire pour la Société du Tourisme et des Congrès, engluée dans une affaire de rénovation coûteuse à hauteur de 130 millions de dinars de l’Hôtel du Lac à Tunis.

Selon le Libyan Audit Bureau, ces erreurs majeures de gestion sont dues à une politique d’investissement confuse, à l’absence de compétences adéquates pour diriger certains projets et à une mauvaise négociation contractuelle due à une barrière linguistique.

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