Discours de Nabil Ammar à la 3e Conférence du Groupe 77 Plus la Chine

Hamdi Zaafouri - Rédacteur en chef

Votre Excellence M. Yoweri Kaguta Museveni, Président de la République Sœur de l’Ouganda,
M. Dennis Francis, Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies,
M. Antonio Gutteres, Secrétaire Général des Nations Unies
Excellences,
Mesdames et Messieurs.

J’ai le plaisir de vous transmettre de nouveau les salutations et l’appréciation du Président de la République Tunisienne, Son Excellence Monsieur Kais Saied, tout en exprimant à cet égard notre haute appréciation des efforts de la République Sœur de l’Ouganda et des moyens qu’elle a déployés en vue de réunir les meilleures conditions de succès du 3ème Sommet du Sud et celui du Mouvement des Non-Alignés. Nous félicitons l’Ouganda pour sa présidence du « Groupe 77 plus la Chine » et souhaitons lui transmettre nos remerciements sincères pour la qualité de l’organisation et l’hospitalité exceptionnelle dont nous avons bénéficié.

Je voudrais également adresser mes sincères remerciements à la République de Cuba pour sa présidence distinguée du «groupe des 77 plus la Chine» au cours de l’année écoulée ainsi que pour son initiative d’organiser le dernier sommet de La Havane.

Monsieur le Président,

Le thème “Ne laisser personne de côté” de notre sommet, représente l’un des objectifs les plus importants de l’Agenda 2030 pour le développement durable.

Toutefois, l’évaluation à mi-parcours des progrès réalisés dans la mise en œuvre des objectifs et des cibles du plan a démontré que cet objectif reste difficile à atteindre. Des lacunes importantes ont été identifiées dans la mise en œuvre, soulignant ainsi la nécessité, à notre avis, de renforcer la coopération et d’adopter des mesures concrètes pour dynamiser le partenariat mondial, notamment dans des secteurs critiques tels que la mobilisation des ressources, le transfert technologique, le renforcement des capacités, la facilitation des échanges commerciaux, la consolidation de la transition numérique et énergétique, ainsi que le développement des investissements dans l’économie verte et bleue.

Il devient impératif de conjuguer les efforts en vue de préserver les acquis du développement dans les pays à revenu intermédiaire et de renforcer leur résilience face aux défis sans précédent qui ont perturbé leurs processus de développement. Cela doit s’inscrire dans le cadre d’une vision basée sur les principes de solidarité internationale, de responsabilité et de bénéfices mutuels. Pendant cette phase, nos actions peuvent se concentrer sur les axes vitaux suivants :

1. Promouvoir activement une réforme du système financier international, actuellement déficient en termes d’équité et d’efficacité. Cela inclut la réduction des taux d’intérêt pour le financement extérieur, la conversion d’une partie de la dette en projets de développement, et la pression sur les pays développés pour qu’ils s’engagent à allouer 0,7 % de leur produit national brut à l’aide au développement des pays en voie de développement.

2. Accélérer le transfert technologique vers les pays en développement, c’est le moins que les pays développés puissent fournir en échange de leur bénéfice de l’exode des cerveaux et des compétences sans aucun investissement dans leur formation.

3. Intensifier la coopération internationale et surmonter les obstacles pour faciliter le recouvrement des fonds spoliés à l’étranger pour les peuples touchés, renforçant ainsi leurs capacités à compter sur leurs propres ressources.

4. Soutenir les efforts d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique, en particulier par le financement de la lutte contre le changement climatique, et rappeler dans ce contexte l’appel du Secrétaire général des Nations unies concernant la nécessité de respecter les engagements pris en matière de financement pour la lutte internationale contre le changement climatique.

5.​Renforcer la coopération Sud-Sud entre les pays du Groupe et la coopération triangulaire.

Monsieur le Président,

Pour ne laisser personne de côté, il est impératif de promouvoir la justice, la dignité et la liberté humaine pour édifier une société humaine équilibrée.

Au moment où les peuples aspirent à consacrer ces principes et à consolider leurs acquis dans ces domaines, le peuple palestinien demeure sous le joug de l’occupation et le blocus depuis plus de 75 ans. L’entité usurpatrice poursuit son agression, son projet colonial et ses violations flagrantes du Droit International en toute impunité. A cet égard, la Tunisie réitère son refus catégorique à ces actes ainsi qu’à toute tentative de mettre sur un pied d’égalité la victime et le bourreau ou de liquider la cause palestinienne.

Le devoir et la responsabilité juridique et morale mettent la Communauté internationale face à l’impératif d’unir et de redoubler ses efforts et ses actions pour mettre fin à l’effusion de sang et soutenir toutes les aspirations légitimes du peuple palestinien.

Monsieur le Président,

La Tunisie a réalisé des progrès significatifs dans la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable 2030, classée en 2022 deuxième au niveau africain et 69ème au niveau international. Cependant, les crises mondiales successives ont eu un impact négatif sur la cadence de mise en œuvre de ces objectifs.

Malgré ces crises, auxquelles nous n’avons pas contribuées, la Tunisie reste attachée à la réalisation des objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063 pour le développement de l’Afrique et à la recherche de solutions stratégiques aux exigences de développement de ses citoyens.

Dans ce contexte, elle a initié une mise à jour de son plan de développement à travers l’adoption de la “Vision stratégique Tunisie 2035”. Cette initiative tient compte des contraintes de la conjoncture mondiale, des potentiels nationaux, ainsi que des contextes des agendas de développement des Nations Unies et de l’Afrique, en alignement avec les orientations du rapport du Secrétaire général des Nations Unies intitulé “Notre agenda commun”

Dans le cadre de la consolidation des fondements de la justice sociale, la Tunisie s’attache à renforcer le statut de la femme en tant que partenaire égal en favorisant sa participation à la vie économique et sociale, aux postes de direction et de décision et en éliminant toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles.

La Tunisie a également fait le choix d’investir de manière optimale dans la jeunesse afin de l’autonomiser socialement et économiquement, notamment par la promotion de l’initiative individuelle, de l’esprit d’entreprenariat et de l’instauration d’une société du savoir. Notre pays a adopté des politiques innovatrices dans ce domaine, notamment la promotion de projets d’entreprises civiles en tant qu’acte citoyen contribuant à l’esprit d’entreprenariat et à la création de la richesse.

Considérant que la responsabilité de la justice sociale englobe les questions de migration, nous avons décidé, au niveau national, d’œuvrer à l’élaboration d’une stratégie pour gérer cette question dans le plein respect des différents instruments et traités internationaux. Nous appelons à concerter les efforts et à consolider la coordination bilatérale pour traiter de manière globale le phénomène de la migration irrégulière en éliminant ses causes profondes, en particulier l’écart de développement.

À cet égard, il est crucial que les pays du Nord prennent conscience que le différentiel de développement avec le Sud n’est plus dans leurs intérêts, compte tenu de l’interdépendance des intérêts, de l’interconnexion des destins et des influences mutuelles.

Monsieur le Président,

La profonde disparité des niveaux de développement, les déséquilibres dans les relations internationales et l’application de doubles standards sont autant de facteurs qui entravent la réalisation de nos aspirations à une vie digne pour l’ensemble de l’humanité.

Nous réitérons donc l’appel à une solidarité internationale plus large, avec une responsabilité commune mais différenciée, à l’adoption de nouvelles politiques, moyens et mécanismes de coopération, et à la restauration de la confiance dans l’action multilatérale et entre le Nord et le Sud, à travers l’atténuation des inégalités, de manière à jeter les bases du progrès et de la prospérité pour tous et de s’assurer que “personne n’est laissé de côté”.

Merci!

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